projet éducatif

du 22 avril 2010

LES RÈGLES D'OR


1. Ne posez jamais (ou presque !) votre bébé (et à fortiori celui de quelqu'un d'autre) dans une position qu'il ne maîtrise pas encore par lui-même.

2. Évitez tout ce qui peut entraver sa liberté de mouvement.

3. Aidez-le très peu dans ses entreprises, lui laissant la plus grande partie du travail d'exploration et de recherche de la solution.

4. Ne lui apprenez rien, au sens d'enseignement (montrer, faire faire, faire refaire, insister, etc.) avant qu'il n'ait 2 ans ½ - 3 ans.

in : Chantal de Truchis-Leneveu L'éveil de votre enfant, pour un bébé actif et détendu(Éd. Albin Michel, Bibliothèque de la Famille, 1996)
Un ouvrage de référence, plein de bon sens et de conseils intéressants, qui existe aussi en format de poche... À posséder dans toutes les bibliothèques familiales, à lire et relire !

A. RAPPEL HISTORIQUE

La Crèche Parentale « Les Bons Petits Diables » a été ouverte en Septembre 1985, à l'initiative de deux professionnelles, très vite suivies d'un groupe de parents. L'objectif des parents étant de trouver pour l'accueil de leur enfant une petite collectivité familiale, où ils pouvaient s'investir totalement, tant dans la présence auprès des tout-petits que dans l'aménagement des locaux et la gestion de l'association.

B. POURQUOI UN PROJET ÉDUCATIF ?

Au bout de quelques années de fonctionnement, la crèche ayant acquis une certaine stabilité dans son équipe de travail, il nous a semblé bon, afin d'ajuster les pratiques quotidiennes auprès des enfants, et de parvenir à une attitude éducative cohérente, de rédiger un texte qui puisse servir de référence à tous.

Pour l'établissement de ce projet, nous nous sommes basées sur les besoins fondamentaux du tout-petit, suivant nos acquis professionnels et certaines théories psychopédagogiques de référence (Emmi Pikler, Maria Montessori, Célestin Freinet) visant à l'autonomie maximum de l'enfant et à son respect en tant que personne à part entière.

C'est un document important, car de l'adhésion à ce projet dépend la bonne vie de chacun à la crèche.

C. OBJECTIFS PRINCIPAUX

La crèche est un lieu où l'enfant va pouvoir expérimenter et acquérir de lui-même, avec l'accompagnement de l'adulte, les gestes quotidiens nécessaires à son autonomie.

Le respect du rythme de chacun y est essentiel. Il est rendu possible par la petite taille de la structure, des adultes encadrant en nombre suffisant, et le matériel adapté mis à disposition.

D'une manière générale, la collectivité est un espace de socialisation, où l'enfant va établir ses premières relations aux autres. La crèche parentale, de plus, lui offre une possibilité plus large de rencontre avec d'autres adultes, le préparant ainsi doucement à son entrée à l'école.

Tous les aspects de la vie à la crèche doivent concourir au développement harmonieux de l'enfant, tant sur le plan sensoriel et moteur, qu'affectif et intellectuel.

D. SPÉCIFICITÉ DE LA CRÈCHE PARENTALE ET DE SES INTERVENANTS

  1. LA PARTICIPATION PARENTALE

Depuis son ouverture, la crèche fonctionnait sur le mode parental (un bureau de parents était gestionnaire, employeur et assurait l'administratif de la crèche). Les parents de tous les enfants faisaient des permanences, c'est à dire, étaient présent dans la structure, à raison de 2 heures par semaine et par famille auprès du groupe d'enfants et secondaient le personnel encadrant.

En passant en accueil collectif associatif, la crèche souhaite préserver l'implication des parents. Le bureau reste gestionnaire et employeur, une partie de l'administratif est confiée à la directrice De ce fait, des "commissions" ( participation aux ateliers ou sorties, courses, jardinage, bricolage, accueil des nouveaux parents...) ont été mises en place en assemblée générale. Chaque famille s'inscrit dans au moins l'une des commissions en fonction de son attirance.

La crèche parentale est une petite structure où l'enfant est reconnu dans son individualité. Du fait de la présence des parents sur le terrain, il va pouvoir vivre de façon plus facile la séparation, apprendre à accepter que son propre parent s'occupe des autres enfants, et reconnaître les autres parents intervenant.

Pour le parent, la crèche parentale est, à ce jour, le seul mode de garde lui permettant une réelle implication dans l'accueil quotidien des enfants, ainsi que dans le fonctionnement global de l'association (participation aux ateliers, présence aux réunions mensuelles, entretien des locaux et du jardin, voire même participation au bureau). Elle lui donne l'occasion de voir son enfant évoluer dans le groupe, et de l'aider à accepter sa présence auprès de ses camarades.

Si la plupart des parents présents à la crèche n'ont pas de formation spécifique et initiale liée à l'encadrement d'un groupe de jeunes enfants, ils n'en sont pas moins tous riches de leur propre expérience, et contribuent de façon importante à l'atmosphère familiale de la crèche.

Par la présence d'autres parents que les siens, l'enfant apprend qu'il y a mille et une façon de faire, de parler et de penser, et élargit ainsi son horizon mental. Cela lui permet également d'aborder tout doucement les notions de filiation, de repère dans le temps et dans l'espace (chacun a un parent, mais tous n'habitent pas au même endroit), de reconnaissance de l'autre et de son univers.

Grâce à la présence parentale, les professionnelles sont amenées à établir une relation de confiance avec les parents, et à mieux connaître l'univers familial de chaque enfant, ce qui leur permet de mieux l'accueillir et de mieux l'accompagner, l'enfant se sentant ainsi sécurisé. D'autre part, le travail dans une petite collectivité permet de suivre l'évolution de chacun, depuis son arrivée à la crèche jusqu'à son départ pour l'école. De ce fait, il est possible de mieux l'aider à se développer grâce aux relations plus approfondies créées avec lui. Enfin, exercer en milieu associatif oblige à ajuster et à expliquer de façon régulière les pratiques professionnelles, ce qui permet une progression constante dans le travail.

2. LE PERSONNEL ENCADRANT

L'équipe de travail des « Bons Petits Diables » se compose de quatre professionnelles diplômées de la petite enfance et de trois aide-maternelles.

a) Les professionnelles recrutées par la crèche sont Éducatrices de Jeunes Enfants ou Auxiliaires de Puériculture. Leurs diplômes respectifs valident leurs études en psychologie, pédagogie et éveil du nourrisson et du jeune enfant, pédiatrie, hygiène, sécurité, diététique, droit familial et institutionnel, sociologie... Elles ont en charge l'accueil et l'accompagnement quotidien de l'enfant et de son parent ainsi que la formation de l'ensemble du personnel et des stagiaires. Elles représentent une instance stable d'écoute, de conseil et de dialogue pour les familles. C'est auprès d'elles que doivent en priorité s'effectuer toutes les transmissions d'importance concernant la vie de l'enfant à la crèche et la participation parentale à la structure.

b) Les aide-maternelles sont elles aussi impliquées à part entière dans le projet d'établissement. Riches de leurs expériences antérieures ou formées sur le terrain par les professionnelles ou par des stages complémentaires, elles connaissent parfaitement les enfants et assurent également des tâches complémentaires à celles des professionnelles et indispensables au bon fonctionnement de la structure, telles que cuisine et entretien des locaux. La possibilité de grandir de façon harmonieuse grâce à une alimentation saine et équilibrée, le plaisir de goûter des saveurs nouvelles, d'admirer un plat joliment présenté et parfumé, de s'ébattre à loisir dans des locaux clairs, bien entretenus et respectés par tous, c'est à elles que les enfants le doivent, et c'est primordial !

E. DEROULEMENT D'UNE JOURNÉE A LA CRECHE / MOMENTS IMPORTANTS ET ATTITUDE ÉDUCATIVE Á TENIR

1. L'ACCUEIL

L'accueil se fait de 7 H 30 à 9 H 30 dans la plupart des cas, et, pour les enfants qui ne sont inscrits que pour l'après-midi, de 13 H 00 à 14 H 00. C'est un moment important, dont dépend le bon déroulement de la journée de l'enfant à la crèche. Il est souhaitable que l'enfant arrive hors des temps collectifs forts (à savoir repas, préparation des plus grands à la sieste, levers), afin que les permanentes puissent se rendre réellement disponibles pour offrir un accueil individualisé et de qualité.

Le rôle du parent dans la préparation à la séparation est prépondérant. L'enfant vivra mieux ce moment difficile s'il sait par avance ce qui va lui arriver, si des repères temporels lui ont été donnés pour lui permettre d'anticiper le retour de son papa ou de sa maman.

Dès son arrivée à la crèche, penser à donner à l'enfant son objet favori (qui assure une transition avec la maison et pourra par la suite être déposé dans le panier à «doudous » de la salle de jeu), respecter ses petits rites (mettre ses chaussons, ranger ses affaires dans son casier, etc.), donner aux professionnelles toutes les informations orales et écrites (sur les différents tableaux), autant de petits détails qui font que tout peut se passer pour le mieux.

Il ne s'agit pas de s'éterniser, sinon l'enfant ne comprend plus que son parent va partir. Savoir clairement et dans le calme formuler son « au revoir » rassure l'enfant à la perspective des retrouvailles prochaines et lui permet de passer à l'étape suivante: le jeu.

Aux "Bons Petits Diables", nous considérons que l'accueil est un temps à travailler et soigner particulièrement. C'est pourquoi les permanentes, qui prennent temporairement le relais du parent auprès de l'enfant, cherchent à l'aider de leur mieux à comprendre et accepter ce qui lui arrive, à le consoler si besoin est, sans toutefois l'empêcher d'exprimer, à juste raison, son chagrin, s'il en ressent le besoin. Lorsque l'enfant est en train de vivre la séparation, il est préférable de ne pas tenter de détourner son attention en lui proposant autre chose, jeu, coucher ou repas, par exemple, car il est tout dans l'instant du départ de son parent. Ce n'est que plus tard qu'il sera réellement en mesure d'entreprendre une autre activité, lorsqu'il sera pleinement rassuré sur son retour futur. Bien souvent, le simple fait d'aller vers la fenêtre de la salle de jeu lui faire un dernier signe de la main ou un dernier bisou, et de regarder démarrer la voiture familiale suffit à sécher bien des larmes.

Pour tout cela, il est important que l'accueil se déroule dans la salle de jeu, et que les professionnelles soient disponibles à ce moment précis. Les longs palabres dans l'entrée, allées et venues successives dans la salle de jeu, avec la porte qui s'ouvre et se ferme, rappelant le départ du parent, et le retour subit de celui-ci, alors qu'il avait marqué son départ, sont à éviter autant que possible, afin d'aider au mieux l'enfant à vivre ce moment crucial de la journée. En cas d'oubli du « doudou » (objet favori), d'une transmission, ou d'un médicament, il vaut mieux s'adresser discrètement à la personne présente en cuisine ou dans la salle de change, par exemple, pour ne pas laisser à l'enfant un faux espoir de retour immédiat.

2. LE JEU LIBRE Á LA CRÈCHE

Aux « Bons Petits Diables », nous accordons une place primordiale au jeu libre.

Par lui, l'enfant "travaille" à devenir grand, c'est pourquoi il est important qu'il puisse vivre ces moments de lui-même et en toute liberté.

C'est pendant les moments de jeu libre que s'établit le processus de socialisation vers les autres enfants et vers l'adulte.

C'est l'enfant qui initie le jeu, que l'adulte doit apprendre à respecter, en s'y intégrant si et seulement si l'enfant le sollicite, mais sans y projeter son propre imaginaire.

Même si l'enfant est en jeu libre, l'adulte se doit d'être présent et attentif à chacun, afin de pouvoir repérer une attente ou un besoin éventuel que l'enfant n'a pas forcément les moyens de formuler.

La valeur du jeu libre dépend de la qualité et de la quantité de matériel et de jouets apportés par les professionnelles, qui veillent à prévoir, en fonction du lieu et du moment, des jeux appropriés à l'âge, au nombre, et aux besoins des enfants présents. Il est souhaitable de veiller, dans les investissements futurs, à acquérir plusieurs jeux semblables plutôt que de multiplier les achats différents, ce afin de favoriser l'imitation (indispensable) et de minimiser les conflits.

Cela est tout particulièrement valable pour les nourrissons, qui n'ont pas encore la capacité à se déplacer pour aller chercher eux mêmes les jouets qui l'intéressent. Un grand parc leur est réservé dans la salle de jeu principale. Point n'est besoin, forcément, d'objets sophistiqués pour solliciter l'éveil et l'attention du tout-petit : un doux foulard de tissu, un anneau, un cube creux ou plein, une balle, sont à eux seuls riches de multiples sensations qui l'aideront à grandir, à affiner préhension, goût (par l'exploration buccale), vision, audition...

Afin de favoriser au maximum, et dès le plus jeune âge, la libre motricité, l'autonomie et l'initiative de l'enfant, transats, baby-relax, « youpala » et autres « baby-bond » sont proscrits aux « Bons Petits Diables ». Les bébés sont couchés à plat dos, sur un tapis confortable, recouvert d'un drap. Il est possible de baliser leur espace avec quelques coussins, afin de réduire la sensation d'immensité autour d'eux, lorsqu'ils sont vraiment très jeunes (deux ou trois mois) ou viennent juste d'arriver à la crèche. Il faut toutefois veiller, alors, à ce que les coussins n'entravent pas leurs mouvements éventuels (ils ne doivent donc pas être posés, par exemple, sous leur tête, ce qui limite la rotation du cou).

Si l'enfant n'avait jusqu'alors pas l'habitude de la position horizontale à la maison, la main sécurisante de l'adulte encadrant, quelques secondes ou quelques minutes, posée sur son ventre, et ses paroles rassurantes, convaincantes, suffiront, les premiers temps, à lui permettre de s'y familiariser.

Près d'eux seront disposés quelques jeux ou objets, en veillant à leur variété de texture et de couleur. Ils doivent être simples, adaptés aux capacités motrices encore restreintes du nourrisson. Il est préférable de laisser l'enfant tenter de les attraper de lui même, plutôt que de lui introduire directement dans la main. S'il n'est pas capable, au tout départ, de s'en emparer, c'est leur simple vision qui, peu à peu, va susciter son désir de s'en emparer, et pour ce faire, à effectuer les mouvements nécessaires. De fil en aiguille, le nourrisson va parvenir à se retourner sur le ventre, puis sur le dos à sa guise.

Lorsque survient l'étape du plat ventre à reculons (difficile à vivre, car elle l'éloigne souvent des objets qu'il convoite, et provoque son insatisfaction), résolue rapidement par l'acquisition du pivot sur soi même, puis du ramper en avant et du quatre pattes, l'enfant est introduit par l'adulte dans l'espace voisin, élargi et balisé par des blocs de mousse ou autres plans verticaux, sur lesquels il va pouvoir s'appuyer pour pouvoir commencer à se redresser. Le sol plus lisse, dépourvu de tapis, ou tout au moins du drap le recouvrant, libère les mouvements de l'enfant. Les jouets mis à sa disposition sont déjà plus sophistiqués : hochets complexes, premières poupées et balles de tissu, premiers jeux roulants...

L'acquisition du ramper en avant puis du quatre pattes vont pouvoir ensuite lui permettre de s'aventurer dans l'ensemble de la salle de jeu, de préférence lorsque celle-ci est calme et que le groupe des grands n'y est pas présent. Là, il trouvera encore d'autres sources d'exploration et de découvertes (toboggan, jeux roulants, premiers jeux d'imitation, confrontation avec les aînés). Il lui est laissé totale liberté de regagner l'espace où il se trouvait initialement s'il paraît manifester un nouveau besoin de sécurité.

L'enfant qui marche et dont la motricité est désormais bien affirmée sera invité à ne plus pénétrer dans l'enceinte réservée aux tout-petits, afin de préserver leur tranquillité et le bon déroulement de leurs jeux.

Tenter de faire acquérir à un enfant une position qu'il n'est pas encore en mesure de retrouver seul ne lui sera en rien bénéfique dans ses acquisitions psychomotrices Crispé dans une posture qu'il ne maîtrise pas encore afin de maintenir son équilibre et d'éviter la chute (angoissante) l'enfant est incapable de se consacrer pleinement au jeu, qui est l'élément essentiel de son bon développement. C'est pourquoi, aux « Bons Petits Diables », on n'assied pas un nourrisson avant qu'il ne soit capable de le faire de lui même, pas plus qu'on ne le met d'office en position debout, ou qu'on ne le fait marcher guidé par l'adulte.

En ce qui concerne les plus grands de la crèche, c'est grâce à l'attitude de l'adulte qu'ils vont apprendre les quelques consignes nécessaires à une bonne vie en collectivité, et le respect du matériel qu'ils ont plaisir à utiliser (ne pas s'asseoir sur les tables, ranger soi-même les jeux après usage, ne pas monter sur le couvercle du bac à sable, etc.). Montrer l'exemple dans ses actions quotidiennes vaut souvent bien des discours!

Il y a peu d'interdits aux « Bons Petits Diables », puisque les locaux sont conçus et aménagés pour des tout-petits. Toutefois le NON posé à l'enfant lorsque son attitude met son intégrité physique ou celle d'un de ses camarades en danger, ou bien lorsqu'elle nuit au fonctionnement heureux de la collectivité est ferme et structurant. Il est important que tous les adultes de la structure soient cohérents dans les limites posées à l'enfant accueilli, qui doivent demeurer les mêmes.

Enfin, et pour respecter les liens qui s'établissent entre les enfants, il est important de ne pas intervenir systématiquement en cas de conflit (sauf s'il y a danger immédiat), ce qui permet au tout-petit d'apprendre la négociation, le respect du jeu d'autrui, et, de fait, la notion d'attente et de satisfaction.

3. LES ATELIERS ACCOMPAGNÉS

On entend par « ateliers accompagnés » les activités initiées par l'adulte et qui demandent l'apport d'un matériel spécifique, autre que celui qui est d'ordinaire mis à disposition des enfants durant les temps de jeu libre.

Ces ateliers se font sous la conduite d'une professionnelle, durant un laps de temps qui peut sembler très bref (10 à 20 mn environ), mais qui demande au tout-petit une grande concentration.

Pour être positifs, ils doivent se dérouler en petit groupe et dans un lieu permettant le calme, sans interférences extérieures. Si un enfant arrive à la crèche durant un atelier auquel il est en mesure de participer, il est nécessaire de demander son avis à la professionnelle présente, avant de l'introduire dans la salle où l'activité à lieu. Il peut en effet se faire que l'accueil d'un nouvel enfant perturbe l'atelier en cours, ou tout simplement que le nouvel arrivant ait avant tout à vivre la séparation d'avec son parent avant d'être capable de passer à autre chose.

Il y a, dans la journée d'un enfant, des moments privilégiés pour la participation à de telles ateliers : ce sont ceux où il est le plus reposé et le plus disponible (après l'accueil du matin, au lever de la sieste).

La mise en place d'ateliers d'éveil demande une bonne organisation matérielle, afin de pouvoir être pleinement présente aux enfants durant leur déroulement.

Les ateliers proposés doivent être variés, afin de permettre à l'enfant de se développer de façon équilibrée et harmonieuse, et adaptés à son âge et à ses capacités, pour ne pas le mettre en situation d'échec et maintenir la notion de nouveauté et de plaisir.

L'enfant doit pouvoir agir de lui-même, après avoir reçu de l'adulte toutes les consignes nécessaires. Durant les ateliers d'éveil, l'adulte intervient en tant que guide, sans chercher à influencer le résultat.

Il est important de ne jamais forcer un enfant qui refuse de participer à un atelier, ou qui refuse d'agir. Si cela est possible, il est préférable de lui laisser le loisir d'observer, et de penser à le réintégrer dans le groupe quelque temps après.

L'adulte encadrant doit être capable d'évaluer le moment où la fin de l'atelier est souhaitable, et le formuler au préalable à l'enfant, afin que celui-ci ne soit pas arrêté de façon brutale dans son geste. Etre vraiment actif, c'est aussi participer au rangement.

Si l'atelier débouche sur une réalisation concrète (gâteau, peinture, collage de gommettes, jardinage, etc.), les notions de temps et de satisfaction de soi interviendront également lorsque les enfants pourront observer le résultat de leurs efforts.

Pour les professionnelles, les ateliers d'éveil sont des temps très importants d'observation, durant lesquels elles peuvent repérer les difficultés éventuelles des enfants, mais également leurs goûts individuels, leurs réussites et leurs progrès, pour adapter les prochaines séances et proposer des jeux appropriés.

Dans tous les cas, mêmes si ces ateliers sont source de joie et de nouveauté pour l'enfant, il faut veiller à ne les introduire qu'au moment importun (besoin de retour au calme, par exemple), en prenant soin de ne jamais interrompre un jeu libre, individuel ou collectif, dans lequel l'enfant semble s'épanouir pleinement.

4. GOÛTERS ET REPAS

Les repas sont également un moment important de la vie quotidienne à la crèche. Ils sont conçus de façon à être variés et équilibrés sur la journée et la semaine, et se prennent à horaires réguliers.

Ils assurent à l'enfant une bonne croissance, un éveil gustatif, mais sont aussi un temps d'apprentissage et de socialisation. Pour y parvenir, il est essentiel de faire en sorte qu'ils se passent dans le calme, et en position assise, et ce autant pour les adultes alentour que pour les enfants.

Le besoin de calme est particulièrement ressenti lors de l'alimentation des nourrissons. C'est pourquoi il est préférable de choisir un lieu isolé du groupe des grands (salle de jeu, cuisine) lorsque ceux-ci se trouvent tous réunis. Les tout-petits éprouvent un grand besoin de contact physique dans les temps de maternage, aussi leurs repas sont-ils toujours pris sur les genoux de l'adulte référent, assis dans une position confortable, et ce jusqu'à ce qu'ils soient capables de manifester d'eux-mêmes leur souhait de s'asseoir de manière autonome. La présence de l'adulte doit être réelle, et se ressentir dans les gestes et dans les regards, afin d'apporter le maximum de sécurité à l'enfant. Il est important de respecter son rythme, car il peut très tôt être capable de manifester par quelques gestes (détourner la tête, repousser de la main biberon ou cuillère), son souhait d'interrompre le repas parce qu'il n'a plus faim, ou simplement de faire une pause.

Lorsque l'enfant exprime le désir de s'asseoir pour déjeuner, il est tout d'abord installé à une petite table toujours située dans la salle où mangent les nourrissons, individuellement ou éventuellement en présence d'un autre enfant de développement similaire. C'est vers cette période-là de sa vie qu'il va également commencer à vouloir manger seul, apprentissage qui sera facilité par l'introduction de la double cuiller.

Il ne passera dans la salle de repas des aînés que progressivement, parfois seulement le temps d'un goûter tout d'abord, lorsque l'adulte estimera qu'il a intégré suffisamment de codes sociaux pour être capable de manger dans le calme avec ses camarades et d'accepter de rester assis à table pour une durée plus longue. Imposer à l'enfant des limites qu'il n'est pas en mesure de comprendre et de vivre dans son corps reviendrait à le mettre en situation d'échec.

Les plus grands sont invités à s'asseoir à leur guise, en fonction de leurs affinités, et à manger seuls dès qu'ils le peuvent, à dresser la table où se servir eux mêmes, guidés par l'adulte. Serviettes, assiettes et couverts leur sont distribués toujours dans le même ordre, afin de rassurer chacun et le convaincre que son tour viendra nécessairement, même s'il est le dernier.

Deux tables et des chaises de hauteurs différentes sont mises à disposition des enfants en fonction de leur grandeur et de leur âge. Les plus jeunes (« moyens ») pour lesquels l'attente est plus difficile, sont servis en premier et sortent également de table en premier, afin d'éviter tout énervement et excitation.

Chacun dispose d'une cuiller et d'une fourchette. Les couteaux (à beurre, non tranchants) sont donnés aux plus grands, à savoir ceux qui sont capables de les manipuler sans les porter à la bouche.

Pour conserver au repas sa dimension de plaisir, l'adulte doit intervenir pour accompagner l'enfant, en respectant ses besoins et ses désirs. Mieux vaut redonner plusieurs fois à celui qui a tout mangé de bon cœur, que décourager d'emblée par une assiette trop pleine.

Certains enfants, pour diverses raisons, peuvent à un moment ou à un autre de leur présence à la crèche, manifester du dégoût pour certains aliments, ou refuser radicalement de manger. Il s'agit alors de ne pas insister, mais de simplement inviter l'enfant à goûter malgré tout, sans le forcer, mais sans changer le repas pour autant. Et se dire que, dans la plupart des cas, ces symptômes ne sont que passagers, le besoin de manger finissant toujours par entraîner le désir de goûter.

Toutefois, pour se développer physiquement de façon saine, l'enfant a besoin de tous les nutriments. Pour l'amener à réguler de lui-même son alimentation, il est préférable de lui faire comprendre que son repas sera interrompu définitivement s'il ne fait pas le moindre effort pour goûter, ne serait ce que quelques bouchées, entrée ou plat principal.

La méconnaissance d'un aliment est aussi souvent à l'origine du non appétit de l'enfant. Il appartient alors à l'adulte de lui faire découvrir ce nouvel aliment, en le nommant, en le goûtant avec lui, et en n'hésitant pas à le réintroduire dans les menus futurs, jusqu'à ce qu'il devienne familier à l'enfant.

A la fin de chaque repas, un temps de toilette permet à chaque enfant de prendre conscience de son visage et de son corps, et introduit la notion de propreté.

Les temps d'alimentation à la crèche sont au nombre de trois :

a) La collation du matin, se prend entre 9 H 30 et 10 H 00. Elle constitue le premier vrai temps collectif de la journée, et peut être animé par des comptines ou des chansons. Il s'agit d'un en-cas, important surtout pour les enfants arrivés de bonne heure, et non d'un véritable repas. Il faut donc savoir évaluer la faim réelle de l'enfant et la juste quantité dont il a besoin, afin de préserver son appétit pour le déjeuner.

b) Le déjeuner, qui se prend entre 11 H 30 et 12 H 00 est un moment charnière de la journée à la crèche. C'est un moment de partage et de respect du rythme des copains, puisque l'on demande aux plus grands de bien vouloir attendre que les autres aient fini leur assiette avant de passer à la suite.

c) Le goûter de l'après-midi, lui, se déroule de 15 H 30 à 16 H 00, parfois un peu plus tôt ou un peu plus tard, pour les enfants qui sont fatigués et doivent aller dormir, ou pour ceux qui viennent juste de se réveiller. Il peut sans difficulté être plus copieux que l'en-cas du matin, surtout pour les enfants qui partiront tard le soir, et devront alors attendre l'heure du dîner pour prendre leur prochaine collation.

5. CHANGE ET APPRENTISSAGE DE LA PROPRETE

Le change est un moment privilégié à la crèche, comme tout autre moment de relation individuelle avec l'enfant.

Par son attitude, l'adulte fera en sorte que ce soit un moment agréable, pour permettre à l'enfant de sentir un certain confort et un certain plaisir (celui d'être nu et de découvrir son corps, celui de se sentir propre, etc.).

Les gestes de l'adulte habillant et déshabillant l'enfant, veillant à son hygiène, sont autant de détails que celui-ci observe, emmagasine, puis commence à reproduire de lui-même, jusqu'à acquérir une certaine autonomie. Il est important de verbaliser (et anticiper) chaque geste effectué (déshabillage, toilette, soins) afin que l'enfant sache ce qui va lui arriver et parvienne peu à peu à participer également.

Le pot fait partie intégrante du décor de la salle de change. Le tout-petit, qui voit ses camarades de jeu plus âgés l'utiliser, finit par comprendre sa fonction avant même d'être capable de s'en servir lui-même. Il est donc bon de proposer le pot à chaque change, mais sans insister outre mesure, dès que l'enfant en manifeste le désir, et en respectant son refus éventuel. On considère que l'éveil à la propreté peut s'entreprendre lorsque la couche de l'enfant est régulièrement sèche à son lever, qu'il est capable de comprendre ce qui se passe dans son corps, qu'il ressent et exprime son envie de faire pipi ou caca, et qu'il peut monter et descendre les escaliers sans aide, debout.

Cet apprentissage doit se faire en accord et en liaison avec la famille de l'enfant. Celui-ci doit sentir que les adultes lui font confiance, que la possibilité de "fuites" faisant partie de cet apprentissage, il ne lui en sera pas fait reproche.

Des vêtements pratiques, que l'enfant pourra retirer seul, sont à prévoir à cet âge-là, ainsi que des vêtements de rechange en nombre suffisant et en provenance de la maison, afin de rassurer l'enfant.

Devenir propre, c'est aussi devenir grand, et la satisfaction de l'adulte le confirme.

Il arrive que l'enfant, une fois la propreté parfaitement acquise, se serve de cette nouvelle capacité qu'il a acquise pour faire pression sur son entourage, et marquer son insatisfaction éventuelle, son désagrément lorsque l'adulte s'occupe d'un(e) camarade, etc. Il est important alors de lui faire savoir que l'on n'est pas dupe de l'origine de la "fuite", et de l'aider à y remédier seul, soit en le laissant patienter un peu, afin qu'il ressente un léger désagrément à se trouver dans l'humidité, soit en lui apprenant à se laver et à mettre lui-même ses vêtements souillés au sale. Il est rare que ce type de situation perdure, car l'enfant préfère privilégier ensuite un nouvel apprentissage.

6. LES SIESTES

Le sommeil est un moment réparateur, qui revêt une importance toute particulière en collectivité, où l'enfant est soumis à un rythme de vie plus soutenu qu'à la maison.

Les nourrissons et les plus petits sont couchés en fonction de leur rythme personnel et de leurs besoins et se réveillent d'eux mêmes, jamais en fonction des besoins du service (repas, ménage, etc.). Ils ne sont réveillés qu'en cas de besoin express et impératif de la famille (rendez-vous chez le pédiatre ou le kinésithérapeute, par exemple).

Les plus grands, eux, font généralement la sieste après le déjeuner, sauf s'ils sont vraiment très fatigués, ou s'ils se sont levés tard le matin. Dans ce cas ils n'iront dormir qu'ultérieurement.

L'adulte doit savoir repérer le moment où l'enfant a besoin d'aller dormir, et ne pas le négliger. Avec les plus grands, il est même possible de formuler la question, afin de leur faire prendre conscience de leur propre fatigue.

Grands et petits sont très sensibles au respect de leurs rituels d'endormissement., d'où l'importance de l'enfilage du pyjama et (ou) de la turbulette, des retrouvailles avec leur "doudou", s'il avait été délaissé auparavant, puis avec leur lit et leurs affaires personnelles. La voix de l'adulte doit l'accompagner doucement, lui dire ce qui va lui arriver, et qui il trouvera à son réveil. Le porter doit se faire enveloppant et sécurisant pour les bébés, sans gestes brusques ni saccadés au moment du coucher.

Les enfants les plus âgés de la crèche sont invités à se préparer dans le calme à la sieste. Ils se retrouvent dans la salle de sieste après le repas, pour lire des livres individuellement ou écouter des histoires collectives. Ils se changent individuellement et se mettent en pyjama, au calme accompagnés d'une professionnelle dans la salle de change à l'étage puis ils rejoignent le dortoir où ils patientent en regardant un livre le temps que chaque enfant soit prêt.

Pour ceux qui sont déjà un peu autonomes, des matelas ont été installés au sol, afin de leur permettre d'acquérir un statut de "grand" et de se lever seuls au réveil de la sieste, en apprenant à respecter le sommeil de leurs camarades qui dorment encore.

L'endormissement et la surveillance permanente (ou presque) de la sieste sont assurés par les professionnelles afin de permettre un réveil échelonné et de garantir le repos des enfants les plus fatigués.

Pour les enfants qui n'ont plus de couches durant la sieste, il est préférable de prévoir un pyjama en deux pièces, qu'ils peuvent retirer seuls pour aller sur le pot.

Il peut arriver que des troubles du sommeil surviennent, plus ou moins légers et passagers. Laisser filtrer un petit rayon de lumière (par le biais du volet ou de la lumière du palier), ou rester quelques minutes à côté d'un enfant qui ne parvient pas à s'endormir peut suffire à le rassurer.

Il se peut également que l'enfant ait subi une importante modification de son rythme biologique à la maison, le jour même, ou dans les jours précédents, précision qu'il est toujours important de donner lors des transmissions quotidiennes à l'arrivée à la crèche.

D'une manière générale, le sommeil doit être pour l'enfant un plaisir lié à la satisfaction d'un besoin, et non pas un moyen pour 1'adulte de régler la vie de l'enfant en fonction de ses propres besoins et de ses attentes.

7. PROMENADES ET SORTIES DIVERSES

Les promenades sont pour les enfants que nous accueillons une ouverture sur la vie du quartier et sur ses activités humaines, un moyen de découvrir l'extérieur en sortant de l'univers clos de la crèche.

Elles offrent la possibilité de rencontre avec des personnes, qu'elles soient adultes ou enfants, autres que les familiers. Elles permettent, tout en apportant détente et défoulement, d'apprendre à se repérer dans l'espace, d'affirmer sa motricité, et d'entrer en relation privilégiée avec un adulte encadrant, celui-ci ayant la responsabilité maximum de deux enfants qui marchent, afin d'être vraiment disponible et vigilant.

Au fil des saisons, les changements que l'enfant va pouvoir observer, guidé par l'adulte, vont l'amener à mieux comprendre les cycles de la nature, et à se situer dans le temps.

Pendant la balade, l'adulte accompagnant doit être vraiment présent à l'enfant dont il a la charge, sachant attirer son attention sur les diverses sources d'intérêt (attractions visuelles, olfactives, sonores), et être à son écoute lorsqu'il a repéré quelque chose qui l'intrigue ou l'intéresse.

C'est également l'adulte qui va initier les premières bases de sécurité routière et de "code de la route" (tenir la poussette lorsque l'on marche en ville, traverser au passage protégé, ou quand le petit bonhomme est vert et que le feu est rouge pour les voitures, etc.). Les enfants acquièrent ainsi la notion de danger réel, et pour les plus grands d'entre eux, celle d'évaluation des risques (espace de jeu clos ou ouvert, fréquence et rapidité des passages de voitures, etc.).

Kerfeunteun, où nous nous trouvons, est un quartier résidentiel paisible, mais "Les Bons Petits Diables" profitent au maximum de toutes les occasions qui leur sont données de s'ouvrir sur l'extérieur : spectacles en collaboration avec la Maison de Quartier et "très tôt théâtre", ateliers "bébés-lecteurs" à la bibliothèque municipale, sorties en bus au centre ville.

8. FIN DE LA JOURNÉE A LA CRÈCHE ET DÉPART DE L'ENFANT

Les retrouvailles avec le parent sont un moment riche en émotions, impatiemment attendu par l'enfant. Elles constituent un moment charnière entre la vie à la crèche et la vie familiale, durant lequel se font les transmissions importantes, rôle qui revient de préférence aux professionnelles qui ont été présentes sur la journée.

Pour que la fin de la journée se déroule pour le mieux, celles-ci veillent à former de petits groupes d'enfants, à proposer des jeux calmes qui leur laisseront le loisir d'accueillir chaque parent de façon privilégiée. Il est important de leur signaler tout changement d'horaire ou de personne dans le départ de l'enfant, afin qu'elles puissent le prévenir et le rassurer, et qu'il ne se sente ni inquiet ni déconcerté.

Comme lors de l'arrivée du matin, un laps de temps suffisamment long est à prévoir, pour que les retrouvailles se passent dans le calme, et que l'enfant puisse quitter son jeu et ses copains sans se sentir bousculé, et en goûtant le plaisir de retrouver ceux qu'il aime.

Il peut arriver qu'un enfant réagisse par l'indifférence ou l'hostilité au retour de son parent. Cette attitude, si elle peut paraître déroutante et un peu frustrante, n'a rien de dramatique en soi: c'est sa façon à lui / elle de montrer son attachement à son papa ou à sa maman, et le chagrin qu'il a eu a les quitter.

L'adulte encadrant, quant à lui, doit savoir manifester son au revoir à l'enfant, en le laissant réagir selon son envie, et en formulant sa prochaine venue à la crèche.

Crèche associative Les Bons Petits Diables Quimper
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